29Août
By: Sybille On: août 29, 2019 In: Articles, Job n Career Club Comments: 0

Franck, 46 ans, est arrivé aux USA en 2002 dans l’Etat de l’Arkansas. Il est pilote de ligne, et ce n’est pas ce métier qui l’a conduit aux US.


Qu’est-ce qui vous a motivé à venir vous installer aux USA ? dans quelles conditions ?

J’aime voyager et découvrir de nouveaux pays. Je suis arrivé aux USA par curiosité personnelle et non pour un avantage professionnel. J’ai eu la chance d’être expatrié par un constructeur aéronautique en qualité d’Ingénieur Systèmes d’information pour piloter des projets internationaux. J’ai profité d’un contrat de détachement (et non d’un contrat local) pendant plus de 6 ans. J’ai ensuite bénéficié d’un congé sans solde pour réaliser une reconversion professionnelle. Je suis ensuite resté sur le sol américain avec un contrat local.

Comment avez-vous trouvé votre emploi ? combien de temps avez-vous mis pour atteindre votre objectif ?
J’ai attendu plusieurs années pour obtenir cette expatriation ! J’ai été détaché en Arkansas, ce qui a certainement accéléré la procédure. Vous en connaissez beaucoup qui souhaitent s’installer dans cet état ?!!!

Qu’est-ce qui vous plait dans cette culture de travail US ?
Ce sont les côtés enthousiaste, positif et relativement bienveillant. Je remarque que le lancement de nouveaux projets est toujours envisagé positivement.
On part rarement avec l’idée « que l’on ne peut pas le faire ».
J’apprécie cette démarche positive que j’applique également à mon projet de vie.

Qu’appréciez-vous chez vos collègues de travail américains ?
Leur pragmatisme et le fait qu’ils aient une vision d’ensemble sur les projets internationaux.

Quels sont les principes de management auxquels vous adhérez ?
Au début, j’ai beaucoup adhéré à leur « open space » ! c’était rarement mis en place en France il y a 16 ans, d’autant plus que je venais d’un environnement professionnel très cloisonné.
J’ai toujours apprécié cette notion de « first things first », où l’on catégorise les tâches sur leur niveau d’urgence et d’importance. On cherche à aller à l’essentiel et à gérer l’efficacité. La notion de gestion du temps est une donnée importante et respectée. On ne s’égare pas, et l’on procède par étapes pour progresser.

Selon vous, Quelles sont vos qualités perso et/ou culturelles qui plaisent à votre employeur ?
Bien parler l’anglais – Je le maîtrisais dès mon arrivée. C’est un vrai atout car cela permet d’être rapidement intégré, de gérer les subtilités de langage, et de vérifier si le « message passe ». Mon humilité (dans le sens où j’accepte d’apprendre des autres) et ma diplomatie dans un contexte professionnel international ont été des moyens de réussir. J’ai également un bon sens de la coopération qui permet d’outrepasser les petits incidents culturels. J’étais présent aux USA au moment de la guerre en Irak, et il était important de garder un certain recul.

A travers votre prisme et expérience, quelles sont selon vous les qualités professionnelles pour travailler aux USA ?
Avoir une bonne expertise technique pour montrer que l’on va faire « gagner son équipe ». Attention, le seul vernis technique ne suffit pas : la compétence linguistique et « l’humilité culturelle » sont à ajouter.

Quels conseils donneriez-vous à un francophone souhaitant travailler aux US ?
Les Français sont reconnus pour leur capacités techniques et d’analyse, il n’en demeure pas moins qu’il y a beaucoup de concurrence. Cherchez les marchés de niche ou les villes où il y a moins de concurrence.

Qu’est-ce que vous supportez le moins dans votre environnement culturel ?
Bien que tout soit fait pour faciliter le client, tout est standardisé. Quelle que soit la ville, on retrouve toujours les mêmes malls, les mêmes restos, les mêmes sorties d’autoroutes…C’est assez aseptisé, et après tant d’années aux USA, j’ai eu besoin de bouger.

Dernière question sérieuse : Y a-t-il quelque chose que vous aimiez particulièrement dans votre environnement de travail en France et que vous ne retrouvez pas aux USA ?
La relation de confiance étroite avec ma hiérarchie. Ici, la relation est énormément basée sur l’affichage des diplômes et sur l’intérêt collectif. Il me semble qu’il est plus difficile de construire une forte relation de confiance.

FUN FACT de l’interview :
Mais alors…parlez-nous de votre reconversion professionnelle aux US !

En plus de mes compétences en ingénierie des systèmes d’information, je suis pilote privé. J’utilise cette compétence à titre personnel. Mon rêve était de devenir pilote de ligne, mais cela n’était pas possible en France : je portais des lunettes et mon âge, à l’époque, était déjà un handicap ! Au bout de 6 ans d’expatriation aux US, j’ai croisé un jour le manager d’un club de pilotage où je me rendais pour acheter une carte aérienne. Après un « small talk » et lui avoir évoqué mon rêve, il m’a dit que si j’avais l’ensemble des certifications, il me recruterait. Imaginez-vous ! Je suis reparti illico presto avec des étoiles dans la tête ! J’ai tenté ma chance. J’ai fait les démarches longues d’obtention de la carte verte, j’ai passé toutes mes certifications, cela m’a pris plus de 4 années, avec une perte de salaire conséquente (de près de 80% en moyenne) puisque je me suis mis en disponibilité. A l’obtention de l’ensemble de mes certifications en 2014, j’ai envoyé 5 CV, j’ai reçu 3 offres. J’ai radicalement changé de métier pour devenir pilote de ligne. Je l’exerce depuis 4 ans, je suis heureux. Je n’oublierai pas que les USA m’ont permis de réaliser mon rêve. Mais attention, c’est un pays de possibilités mais pas de garanties. Je recommande d’avoir toujours un plan B pour se retourner facilement. Une reconversion professionnelle demande de la patience et de l’abnégation. Quand on procède à un changement important, attention à ne pas tout changer au même moment (éviter d’ajouter un déménagement, un changement de vie personnelle etc..) afin de pouvoir canaliser au mieux le stress inhérent à tout changement.

Propos recueillis par E-difice Coach- Janv2019