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By: Sybille On: mars 15, 2019 In: Articles, Job n Career Club Comments: 0

Delphine, 45 ans, est arrivée aux USA il y a 4 ans avec conjoint et enfants. Elle s’est mise en disponibilité de la fonction publique française. Elle est juriste. Elle a trouvé un emploi aux USA en qualité d’assistante de direction.

Qu’est-ce qui vous a motivé à venir vous installer aux USA ?
J’avais la chance de travailler en France au sein d’un environnement confortable tant sur le plan intellectuel que financier. Profiter de suivre mon mari à l’étranger était une manière de sortir de ma zone de confort et j’avais envie d’une autre expérience de vie ! C’est une prise de risque, mais c’est donner la chance à ma famille de devenir bilingue.

Et si vous n’aviez pas eu la possibilité de vous mettre en ‘disponibilité’, auriez-vous pris ce risque de partir ? auriez-vous pris d’autres mesures ou conditions ?

Dans le passé j’avais déjà quitté l’administration pour tenter une autre expérience, mais elle avait été de courte durée. Par la suite je n’étais pas dans une logique de prise de risques. Il faut du courage pour quitter son confort, son environnement. Je ne crois pas que je l’aurais eu.

Comment avez-vous trouvé votre emploi ? combien de temps avez-vous mis pour atteindre votre objectif ?

Il m’a fallu d’abord 2 ans pour m’installer, prendre mes repères, m’habituer à l’organisation logistique assez ‘encombrante’ quand on élève des enfants ici. J’ai apprécié ce temps ‘familial’. Pendant cette période, j’ai consacré 20% de mon temps pour répondre à des offres d’emploi. Cela a été inefficace et je crois que mon niveau d’anglais était insuffisant.
Je considère avoir mis 1 an pour trouver mon emploi, à partir du moment où j’y ai consacré 100% de mon temps. Faire partie d’un groupe ‘Job n’Career’ m’a boostée et remobilisée : j’ai eu la possibilité de refaire mon CV, de passer un questionnaire de personnalité, d’en avoir des feedbacks, de partager des expériences et de bénéficier de soutien grâce aux participants. Ce groupe m’a permis de me replonger dans un environnement professionnel, et dans ce cadre motivant je me suis reconditionnée.
J’ai trouvé mon poste par le biais d’une annonce même si celle pour laquelle j’ai postulée ne m’a pas permis d’avoir le poste car j’étais plus qualifiée que le besoin exprimé. J’ai été positionnée ensuite sur une création de poste et j’ai été recrutée.

Qu’est-ce qui vous plaît dans cette nouvelle culture de travail US ?
J’apprécie la courtoisie, le formalisme relationnel ‘amical’ au premier abord.

Qu’appréciez-vous chez vos collègues de travail américains ?
J’apprécie leur ‘focus’ professionnel. Sur le lieu de travail, on ne déborde pas sur des sujets qui ne sont pas liés directement à l’entreprise, aux enjeux, et activités professionnelles.
J’apprécie également la diversité internationale que l’on retrouve sans conteste dans la région de Washington D.C. C’est stimulant je pense, d’être entourée de personnes aux parcours et cultures variés.

Quels sont les principes de management auxquels vous adhérez ?
Le management décloisonné ; je ne peux pas forcément le mettre sur le compte de la culture américaine – je ne sais pas – mais cela change du milieu professionnel dans lequel j’ai évolué (l’administration française). Les relations apparaissent plus simples.
Le service ‘client’ qui se propage même en interne : je dois considérer mes partenaires internes de travail comme des clients, et leur assurer une bonne qualité de service.

Selon vous, Quelles sont vos qualités perso et/ou culturelles qui plaisent à votre employeur ?
La concision, l’ouverture d’esprit, l’efficacité.
Ma pratique antérieure d’un art martial m’apporte certainement encore aujourd’hui une forme de recul, une manière de gérer la relation à l’autre, surtout lors de situations soit tendues, soit déséquilibrées.

Rencontrez-vous ou avez-vous rencontré des difficultés culturelles ? si oui, lesquelles ?
Oui, je suis trop directe et spontanée dans mes relations, je dois veiller à canaliser ce que je veux dire pour ne pas « heurter » le premier contact.

A travers votre prisme et expérience, quelles sont selon vous les concessions professionnelles à faire pour travailler aux USA ?
– Dans certaines régions, être prêt à faire de longs trajets domicile/lieu de travail.
– S’attendre à une perte de salaire pour le 1er emploi aux USA (j’ai perdu 50% du mien)
– Etre « prêt » à être licencié du jour au lendemain ;-(

Quels conseils donneriez-vous à un francophone souhaitant travailler/ se vendre aux US ?
La recherche est longue, elle sera faite de hauts et de bas. ‘Débroussailler’ le fonctionnement de l’emploi local, définir le type et niveaux de postes auxquels répondre vous prendra du temps.
Si vous en avez les moyens, il faut faire partie d’un groupe de recherche d’emploi et de coaching. On y gagne du temps, en motivation et en énergie.
Si vous le pouvez, préparez votre recherche avant de quitter la France : créez des contacts, posez des jalons ne serait-ce que pour vous sentir ‘solide’ et pas seulement ‘la femme qui suit son conjoint’.
Utilisez un coach pour des mock interviews pour accélérer votre efficacité, faire la différence plus rapidement, et limiter les coups de blues : Vous n’aurez pas de feedback de vos entretiens, et vous aurez souvent une absence de réponse.

Professionnellement, qu’est-ce qui vous demande le plus de challenge ?
C’est l’envers de (l’excès) de courtoisie dans les relations de travail. Le sourire et la politesse peuvent être une surface dans les relations et faire office de ‘barrière’ ou de ‘résistance’. La relation professionnelle vous paraît donc simple au départ, alors qu’elle demande plus de persévérance et de ‘lecture entre les lignes’ pour d’obtenir l’information dont vous avez besoin et/ou le résultat attendu.

Dans cette recherche d’emploi, qu’est-ce que vous avez le plus appris sur un plan personnel ?
Ma volonté et persistance : je ne faiblis pas avec l’âge !
Ma détermination était présente même si j’ai traversé une période de doute sur ma recherche d’emploi que j’avais du mal à cibler. Il faut s’armer de patience et donner le maximum. Mais je n’aurai pas réussi toute seule. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont aidée tout au long de cette recherche.

Propos recueillis par E-difice Coach – janv.2019