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By: Sybille On: janvier 15, 2020 In: Articles Comments: 0

Olivier a 42 ans, et vit depuis 3 ans aux USA. A ce jour, il est consultant pour de grandes institutions internationales à DC, dans le secteur de l’énergie. Olivier est originaire de Belgique, où il a travaillé en qualité de salarié et manager au sein d’un grand conglomérat allemand, dans le secteur de la production énergétique. 

Quelles raisons vous ont incité à vous installer aux USA ? J’ai suivi mon épouse en expatriation professionnelle à Washington DC. C’est difficile de refuser une expatriation à DC, non ?! Ma curiosité et l’envie de faire découvrir un nouvel environnement à ma famille m’ont motivé. J’étais également « en fin de cycle » dans mon activité professionnelle, ce qui m’a incité à prendre ma décision. J’ai donc démissionné de mon poste.

Comment avez-vous trouvé votre emploi ? 10 mois m’ont été nécessaire pour conclure un contrat de consulting ; j’ai eu mon permis de travail en Octobre 2016 et j’ai commencé à travailler en Avril 2017. 

La recherche d’emploi est particulière en expatriation : personne ne vous attend, votre diplôme européen ne parle à personne, et vous vivez des périodes de doutes. J’ai passé beaucoup de temps à développer des contacts, et je ne savais pas quand cela « allait mordre ».

Parallèlement à la gestion de mon réseau, j’ai répondu à des offres d’emploi en ligne pour lesquelles je n’ai jamais eu de réponse. Il faut du temps pour comprendre et surtout passer outre la frustration. Tout est dans le « réseautage ».

J’ai participé à des réunions/conférences dans mon domaine d’activité, ai amélioré mon profil Linkedin avec l’aide d’une personne spécialisée dans le « personal branding », et j’ai participé à des workshops organisés par des associations  destinées aux transitions professionnelles. Même si certaines de mes actions ne m’ont rien apporté, elles m’ont permis de garder le moral, de mieux comprendre le fonctionnement local, définir mon « branding » (domaines de prédilection où l’on peut vraiment apporter une plus-value – fondamental !) et de me faire des contacts. Or c’est bien de cela qu’il s’agit aux USA : avoir une large base de contacts. On ne sait jamais d’où l’opportunité peut venir et c’est l’importance d’où d’entretenir son réseau, le faire croitre, rester présent et se rappeler aux gens de temps en temps. Pour cela rien ne vaut un café en tête à tête, et pour cela les gens sont très ouverts.

Qu’est-ce qui vous plait dans cette nouvelle culture de travail US ? Ce qui est remarquable dans cette culture, c’est le goût qu’ont les personnes en général pour avancer, ce qui se caractérise par une prise de risque plus grande et moins de frilosité. Je crois que les gens se posent moins de questions pour se lancer dans un nouveau projet, et ont moins peur de l’échec.  L’échec est perçu différemment qu’en Europe. Tout comme le chômage. Si on est pointé du doigt en Europe, on dit ici qu’on est en transition. La différence est de taille quant à la perception et l’approche positive que cela engendre. Aussi, la diversité culturelle m’enrichit : Les codes ne sont pas les mêmes pour tout le monde et il est important de veiller à son style de communication pour se faire comprendre, éviter des malentendus ou blesser son interlocuteur. C’est un challenge positif !

Selon vous, quel était votre point distinctif dans votre recherche d’emploi ? La maîtrise des langues – je parle l’espagnol, l’anglais, le néerlandais, le français. L’espagnol m’a beaucoup aidé dans ce nouvel environnement, et c’est d’ailleurs le réseau hispanique qui m’a permis de décrocher ma première mission de consultance, pour l’Amérique Latine justement.

Qu’est-ce qui vous stimule et vous frustre le plus dans cette culture d’accueil ? La culture « commerçante » me stimule ; je ressens la volonté de conclure « une affaire » que ce soit dans la vie quotidienne et professionnelle. On cherche à faire du business et à trouver une solution « gagnant gagnant », l’argent n’est pas un tabou contrairement à l’Europe.

Ce qui peut me frustrer, c’est l’habitude qu’ont des salariés de travailler dans un canevas établi et connu. Lorsqu’il faut sortir du cadre afin de trouver une nouvelle solution par exemple, j’ai pu être confronté à des résistances. Le pragmatisme se heurte aux procédures. 

A travers votre prisme et expérience, quelles sont selon vous les qualités professionnelles pour travailler aux USA ? Les langues, la connaissance d’un marché pour faire le pont avec la nouvelle culture. Il faut leur offrir ce qu’ils ne connaissent pas ou pas bien. La compétence seule ne sera pas suffisante pour se démarquer des locaux surtout qu’il y a une compétition féroce sur le marché de l’emploi.

Je conseillerais de définir précisément son projet professionnel et de peaufiner en conséquence son identité professionnelle. Connaître sa marque de fabrique, être spécialiste d’un domaine permet de mieux cadrer son discours. Maitriser l’anglais est indispensable, et ne pas avoir peur de se lancer est incontournable.

Quels conseils donneriez-vous à une francophone souhaitant travailler/se vendre aux USA ? Je conseillerais aux nouveaux de prendre le pouls de la société : visiter les musées pour comprendre l’histoire et la fierté du pays, participer à des conférences, des cafés réseaux. Il est très utile de participer à des associations d’intégration afin de vaincre l’isolement.

Professionnellement, qu’est-ce que vous supportez le moins dans votre nouvel environnement culturel ? Tout me va ! il faudrait simplement réduire l’utilisation systématique de l’email ! Rétablir le contact oral pourrait être plus propice dans certaines situations.Que tirez-vous à titre personnel, de cette expérience 

Qu’avez-vous appris de cette expérience à titre personnel ? J’ai beaucoup appris sur moi, à développer ma confiance et mieux canaliser mon impatience en partant de zéro. Cette expérience m’armera pour gérer mes futures expatriations et expériences professionnelles.

J’ai développé un nouveau rythme de travail qui me convient très bien : être indépendant dans la gestion de mes contrats, avoir du temps à consacrer à mes enfants. Cette flexibilité dans le travail me permet d’avoir du temps pour réfléchir, et de recharger très positivement mes différentes batteries : émotionnelle, intellectuelle et physique.

Propos recueillis par E-difice coach – 2019