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By: Sybille On: novembre 29, 2018 In: Articles Comments: 0

raphaele

Raphaëla a 37 ans ; elle est arrivée aux USA à l’automne 2018, avec son mari et son enfant. C’est sa 5eme expatriation, mais une « première » pour les USA.
Raphaëla est quadrilingue, anglo-italienne, née en France.

Elle vient de trouver un poste de Directrice communication dans un institut qui à la fois promeut la culture et enseigne le français. Au préalable, Raphaëla a tenu des postes de responsable de programmes scientifiques, directrice pour la promotion de la science et de la technologie, responsable des relations internationales de santé et conseillère stratégique sur le Brexit, au sein de grands groupes internationaux scientifiques, de santé et politiques.

Qu’est-ce qui vous a motivé à venir vous installer aux USA ?
Il y a des moments qui tombent « à pic » ! Nouveau projet professionnel pour mon mari, nouveau terrain de jeu pour moi puisque je finissais une mission internationale !
Je suis donc arrivée sans emploi aux USA, en « conjoint suiveur ».
Ma motivation supplémentaire est d’offrir à mon enfant un environnement anglophone pour s’épanouir individuellement et en famille.
C’est un projet que nous avons réfléchi et muri à deux.

Comment avez-vous trouvé votre emploi ? combien de temps avez-vous mis pour atteindre votre objectif ?
Dès que j’ai su que nous partions pour les USA, en janvier 2018, j’ai contacté mon réseau professionnel scientifique, dans les médias et les assurances, puis j’ai commencé à regarder les offres d’emploi et à envoyer mon CV. Cela n’était pas simple car j’étais toujours en poste en France, et cela ne me permettait pas de mettre à jour mon compte Linkedin et d’informer mon réseau sur ma démarche.
Très vite et en ayant échangé avec des professionnels américains, j’ai appris que le marché du travail était vif, que les liens de l’emploi se nouaient et dénouaient rapidement ; ma démarche amorcée en janvier, était donc un peu prématurée.
En revanche, ce travail préalable m’a permis de ne pas arriver en territoire inconnu, je suis arrivée « préparée ».
J’ai trouvé cet emploi de Directrice de la Communication et du Fundraising un mois avant notre arrivée, suite à une annonce parue au sein d’une association francophone. J’ai eu un seul entretien à la suite duquel, j’ai su que j’étais embauchée et j’ai commencé dès que j’ai obtenu mon permis de travail, deux mois plus tard.
Je perds 65% de mon salaire précédent. Vous comprendrez que ma motivation première n’est pas l’argent dans l’immédiat. La description du poste, le contact positif et la possibilité d’apprendre avec mon manager, l’environnement international sont des éléments suffisamment motivants pour accepter l’offre.
De surcroit, il était inenvisageable de rester à la maison tant pour mon équilibre personnel que pour mon couple.
Ma prise de poste permet de socialiser, de « raconter des choses le soir comme mon mari », d’apprendre – de ma hiérarchie, de la culture américaine-, de développer mon réseau, et d’être autonome financièrement.
Ce poste me permet également d’avoir une flexibilité horaire qui me convient afin de concilier mon rôle professionnel et celui de mère de famille.

Qu’est-ce qui vous plait dans cette nouvelle culture de travail US ?
Ici, il n’y a pas d’agressivité !
J’apprécie de profiter de nombreux réseaux professionnels très développés aux US. J’ai déjà adhéré à 5 réseaux depuis mon arrivée (anglais/éducatif, écossais/éducatif, américain/politique, américain/financier, américain/scientifique).
J’ai un fort besoin de rester connectée aux environnements scientifiques, de la santé et politique.
Un de mes buts, à travers ces engagements, est de construire la confiance et les amitiés dans un environnement anglo-saxon. Car oui, le réseau français est important et imposant dans la région où je suis, et je ne souhaite pas m’y limiter !

Et qu’est-ce qui vous surprend ?
Le manque d’efficacité malgré un bon sens du service. Et c’est là que je m’aperçois de la bonne productivité et efficacité française au travail !

Quels sont les principes de management auxquels vous adhérez ?
J’adhère beaucoup plus au fonctionnement managérial américain que français : la liberté et responsabilité individuelles. Ce sont des éléments valorisés dans cette nouvelle culture et cela me convient contrairement à la responsabilité collective en France (la prise en charge du chômage, de la retraite par exemple). Cette dernière me frustre, elle est étouffante, les dispositions sociales sont trop favorables et vont trop loin dans l’assistanat des gens. Les lois du travail sont trop bridées, il n’y a aucune flexibilité, ce qui à mon sens peut « tuer » l’envie de travailler.
En revanche, je reconnais que les Etats-Unis vont trop loin dans l’individualisme.
Ce que j’apprécie également aux US, c’est le fait que l’on ne soit pas jugé sur l’âge, le sexe mais plutôt sur le « What is your real added value ? » – je suis jugée sur mon savoir-faire et sur ce quoi je suis capable d’apporter.

Selon vous, Quelles sont vos qualités perso et/ou culturelles qui plaisent à votre employeur ?
Ma vraie volonté de faire, ma connaissance et compétence biculturelle, mon énergie, mon bilinguisme.

Rencontrez-vous ou avez-vous rencontré des difficultés culturelles ? si oui, lesquelles ?
L’utilisation de mon vocabulaire britannique peut laisser les américains perplexes !
Aussi, je me sens entièrement Européenne, et le fait d’être à des milliers de kilomètres de l’Europe, j’ai l’impression que tout le monde s’en fout!: L’expatriation d’un francophone en dehors de l’Europe modifie énormément de codes et ne permet pas toujours de connecter rapidement avec des collègues américains : les repères politiques, géographiques, académiques sont différents ; ils ne sont donc pas connus et peuvent être difficilement partagés.
Mais globalement, je m’adapte très vite ! : je pose beaucoup de questions, je ne suis pas dans le jugement, mais plutôt dans la compréhension de l’autre.

Quels conseils donneriez-vous à un francophone souhaitant travailler/ se vendre aux US ?
Mettez-vous en valeur !
Parlez positivement et cessez d’être dans le négatif pour exprimer vos opinions !
Cessez de critiquer les autres
Foncez, parlez anglais et cessez de croire que votre niveau d’anglais ne sera jamais suffisamment bon pour travailler
Changez d’attitude : définissez ce que vous savez faire et ce que vous voulez faire
Restez ouvert d’esprit : jonglez sur des emplois et des rendez-vous professionnels différents même si tous vos critères ne sont pas remplis
Ne fonctionnez pas en vase clos : construisez votre réseau au sens large – ne restez pas dans votre microcosme,
« Think out of the box » : pensez aux différentes possibilités de travail, ne vous mettez pas d’interdits qui sont pour certains dictés par une culture, à laquelle vous n’appartenez plus – du moins pour un moment.
« Have guts » –
Activez votre réseau, personnel et professionnel.

Dernière question sérieuse : Y a-t-il quelque chose que vous aimiez particulièrement dans votre environnement de travail en France et que vous ne trouvez pas aux USA ?
Les déjeuners, car ils permettent de « réseauter » ! et pour moi c’est important 😉

Propos recueillis par E-difice coach – Novembre 2018