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By: Sybille On: novembre 01, 2018 In: Articles Comments: 0

helene

Hélène, française, 46 ans, mariée et deux enfants. Restée 5 ans aux US, elle a accompagné son mari dans le cadre de sa promotion/mutation au sein d’une filiale aux Etats-Unis. Hélène a trouvé un poste de Commercial/sales coordinator en arrivant, et a obtenu un poste de A.VP Marketing & Communication par la suite.

Qu’est-ce qui vous a motivé à venir vous installer aux USA ? dans quelles conditions ?
J’ai suivi mon conjoint qui était promu pour travailler aux US. Ce qui m’a motivée à partir, c’est cette possibilité d’offrir une expérience internationale et une ouverture d’esprit à mes enfants. L’aventure familiale m’a conquise, bien que j’aie dû démissionner d’un beau poste en France, et dans lequel je me sentais bien. Avant de partir, nous avions convenu que l’entreprise de mon conjoint s’assurerait que je pourrais travailler aux USA, et s’est chargée des démarches administratives.
J’étais stressée en arrivant avec les démarches administratives et la perspective de trouver un emploi. Je pensais que l’intégration serait plus simple, bien que mon niveau d’anglais soit bon et ayant déjà vécu à l’étranger. Finalement, il y a un vrai gap culturel entre la France et les USA, que l’on ne soupçonne pas forcément avant de partir.

Comment avez-vous trouvé votre emploi ? combien de temps avez-vous mis pour atteindre votre objectif ?
Trouver un travail était pour moi primordial.
Je l’ai trouvé rapidement – en 2 mois – mais avec des conditions qui n’étaient pas rêvées : j’ai accepté un poste de ‘commercial sales’ (missions essentiellement administratives), certes un métier connexe à celui que j’occupais en France dans le marketing, mais avec 30% de baisse de salaire et de responsabilités. Ce poste était offert pour une durée initiale de 6 mois, puis s’est transformé en contrat ‘at Will’ en raison d’ouvertures budgétaires.
Je l’ai obtenu grâce à la rencontre d’une personne sur le chemin de l’école, ce qui m’a permis d’avoir un entretien et d’être engagée. La société était une filiale d’un groupe français. J’y suis restée 2 ans et suis partie travailler pour un de leur prestataire financier. Cela m’a permis de retourner vers mon métier d’origine et ‘de cœur’. J’y ai gagné en responsabilités et en salaire. J’ai ouvert mes compétences vers l’événementiel, la presse et le digital. J’y suis restée 3 ans, puis j’ai intégré une agence de marketing.
Après 5 ans, je dois dire que je n’ai pas récupéré le montant de salaire que j’avais avant de quitter la France. Avec le recul, je ne regrette pas le 1er poste trouvé, car bien que parlant bien l’anglais, il me manquait du professionnalisme tant à l’écrit qu’à l’oral, ainsi que la connaissance de la culture américaine.
A travers mon expérience, je dois dire que le processus de recrutement est rapide, parfois après un seul entretien. Les entretiens téléphoniques sont courants.

Qu’est-ce qui vous plait dans cette nouvelle culture de travail US ?
Ce que je trouve très positif c’est que les américains sont très à l’aise à l’oral, et l’on voit que leur système éducatif les incite très tôt à s’exprimer. Par conséquent, il y a un vrai dialogue et du « répondant » pendant les réunions ; les gens n’ont pas peur de s’exprimer.
Ce que j’apprécie également c’est leur côté proactif « on y va » même s’ils n’ont pas toujours toutes les informations, les compétences. Ils osent, ils ne se mettent pas de barrières, ils apprennent « en faisant ».

Qu’appréciez-vous chez vos collègues de travail américains ?
Ils font leur boulot, ils restent dans leur « cadre ».

Quels sont les principes de management auxquels vous adhérez
Ils savent dire quand quelque chose est bien fait ; c’est motivant, ça donne de l’énergie positive.
Ils sont directs et concrets, assez francs dans leurs demandes professionnelles. Il n’y a pas d’ambigüité, c’est concret et pragmatique.
En revanche, ce que je trouve difficile et n’y adhère pas, c’est leur façon de gérer les départs de l’entreprise : très rapides et directs… Vous pouvez voir ‘disparaitre ‘des collègues du jour au lendemain.

Selon vous, Quelles sont vos qualités perso et/ou culturelles qui plaisent à votre employeur ?
Ma fiabilité, mon éthique de travail, mon investissement personnel.

Rencontrez-vous ou avez-vous rencontré des difficultés culturelles ? si oui, lesquelles ?
Je pensais que les deux cultures étaient très proches…Au début, j’ai fait quelques erreurs relationnelles en ayant une communication relativement ‘libre’ et avec un sens de l’humour !… C’est très français !
Je trouve que leur communication est assez codée : il y a des sujets à ne pas aborder du tout, des phrases « formatées » très souvent utilisées et qui les rassurent, de nombreux codes sociaux à adopter comme se fêter les fêtes de mères, Thanksgiving… Si on ne fait pas pareil, il y a comme une forme de suspicion, cela ne met pas à l’aise votre interlocuteur.

A travers votre prisme et expérience, quelles sont selon vous les qualités professionnelles pour travailler aux USA ?
La confiance en soi, bien parler l’anglais, être flexible dans ses croyances personnelles et culturelles. Il est important de comprendre ce qu’il y a dans l’autre culture (et pas par le biais de la presse française), d’accepter ce nouveau mode de fonctionnement, faire attention au politiquement correct, être vigilant sur ce que l ‘on dit (je pense notamment aux lois anti-discrimination prises très au sérieux).

Quels conseils donneriez-vous à un francophone souhaitant travailler/ se vendre aux US ? (Qu’il soit déjà sur place et/ou ailleurs)
Lire un maximum sur les US, à partir de la presse américaine;
Bien perfectionner son anglais;
Bien cerner vos besoins personnels avant de partir, et voir ce qui est acceptable ou non pour vous ; il est important que tous les membres de la famille soient contents de partir.
Prendre en compte que vous conduirez sans cesse ! les américains parcourent beaucoup de distances.

Professionnellement, qu’est-ce que vous supportez le moins dans votre environnement dans cette culture américaine ?
Leur contrat « at Will » : il n’y a pas de protection pour les salariés qui peuvent être remerciés du jour au lendemain et pour lesquels cela peut poser de vrais problèmes financiers n’ayant pas de protection sociale. Cela me donne l’impression que ce système génère un investissement moindre dans leur travail.
Leur côté « exécutant » – on s’attend à ce que tu fasses exactement ce qu’il y a sur la description de poste, pas davantage. La prise d’initiative à son poste est limitée.
Le manque de relations « conviviales » sur le lieu de travail – il n’est pas inhabituel de voir les collègues arriver au bureau sans saluer.

Dernière question sérieuse : Y a-t-il quelque chose que vous aimiez particulièrement dans votre environnement de travail en France et que vous ne trouvez pas aux USA ?
Les déjeuners ! (rires). A Paris, j’appréciais de pouvoir faire une pause déjeuner dans un cadre sympathique. Aujourd’hui, je perds ce côté plaisant : je travaille dans une zone d’activités sans attraits, et le peu de déjeuners pris ne sont pas qualitatifs.

FUN FACTS de l’interview :
Où déjeunez-vous ?
A mon poste de travail ; oui … avec la « lunch box », mais sans plat cuisiné ! On le fait déjà pour les enfants et c’est déjà trop ! Je regrette que l’on ne puisse pas se changer un peu les idées à l’heure du déjeuner.

Quelle est votre tenue de combat professionnel ?
Plus simple, confortable et moins sophistiquée qu’en France. Je n’ai pas porté mes vestes – peut-être trop officielles pour mon environnement professionnel…- et j’ai adopté les robes que les femmes adorent ici !

A l’ère du bien-être et de la joie au travail 😉 et des postes de CHO (Chief Happiness Officer), y a-t-il quelque chose que vous pratiquez en entreprise ?
ans la dernière entreprise, il y avait de temps en temps des déjeuners de service à l’extérieur pour faciliter la communication. J’ai aussi observé des partages de ‘bonnes pratiques’ à l’heure du déjeuner : Chacun pouvait partager une de ses ‘success story’; j’apprécie, c’est intéressant !

Propos recueillis par E-difice coach – Novembre 2018