13Nov
By: Sybille On: novembre 13, 2018 In: Articles Comments: 0

sophie

Sophie, 51 ans, est arrivée aux USA il y a 2 ans et demi. C’est dans le cadre de la mutation professionnelle de son conjoint qu’elle a démissionné de ses fonctions de directrice de résidence hôtelière en France. Son acceptation de relocation était liée à sa possibilité légale de travailler sur le territoire : Elle a donc dû se marier et valider les possibilités d’obtention de permis de travail avant son départ. A ce jour, elle travaille en qualité de Executive Assistant & Cultural Coordinator.

Qu’est-ce qui vous a motivé à venir vous installer aux USA ? dans quelles conditions ?
Ma motivation était liée au fait que je permettais à mon mari de réaliser un rêve professionnel, et de participer à une belle mission d’envergure. Mon objectif essentiel et personnel en arrivant ici était de trouver un emploi afin de ne pas laisser de « gap » dans mon curriculum vitae et limiter les difficultés de ré accès à l’emploi lors de mon retour en France.
Ma motivation pour le travail ? l’indépendance financière et morale.

Comment avez-vous trouvé votre emploi ? combien de temps avez-vous mis pour atteindre votre objectif ?
J’ai mis 1 an environ pour trouver un emploi temporaire de 1 mois, dans une filière administrative et d’accueil. Des départs de salariés ayant eu lieu en cascade dans l’entreprise, j’ai pu profiter de ces opportunités pour postuler en interne, et obtenir un emploi « at will » d’assistante de direction, puis de coordinatrice culturelle .
J’ai obtenu mon premier poste grâce à la publication d’une offre par une association d’accueil de francophones.
J’ai trouvé la recherche d’emploi un peu compliquée, nébuleuse ; et j’ai orienté mes recherches vers des environnements francophones.

Cela ne vous gêne-t-il pas d’avoir un emploi différent que celui que vous exerciez auparavant ?
Non, cela ne me gêne pas ; je me sens flexible pour travailler à des postes différents, et d’ailleurs je pense que c’est une condition essentielle pour trouver un job aux USA.
Ce qui me gêne davantage, c’est de devoir « prouver » mes compétences (mes collègues n’ayant pas connaissance de mon parcours professionnel), et dans une certaine mesure la réduction des responsabilités. J’ai également perdu 20% de mon salaire de base (hors avantages sociaux, inexistants ici).

Qu’est-ce qui vous plait dans cette nouvelle culture de travail US ?
« Naviguer » dans un environnement international ; je ne ressens pas forcément la culture américaine dans le fonctionnement au quotidien.

Et qu’est-ce qui vous surprend ?
Lorsque l’on est face à une population de non cadres, je suis surprise de voir que les employés ne s’en tiennent qu’à leurs strictes tâches : il n’y a pas toujours une volonté ni une envie d’aller aider un autre collègue.
Aussi, on reste très sérieux vis-à-vis de toutes les lois anti-discrimination : elles font peur ! pas d’humour toléré sur le sujet, et parfois une impression de ne pas bien gérer des situations managériales par peur d’être confronté au sujet racial. De mon point de vue, ces situations sont parfois évitées et mal gérées.
La lunch box qui traine sur les bureaux … je trouve curieux d’arriver à l’accueil et de m’adresser à la réceptionniste qui a encore la bouche pleine de nourriture, et de devoir également en supporter les odeurs dans tout le bureau…

Selon vous, Quelles sont vos qualités perso et/ou culturelles qui plaisent à votre employeur ?
Mon ouverture d’esprit et sens du service, ma disponibilité horaire, ma flexibilité intellectuelle et mon « work ethics ». Ma polyvalence professionnelle contribue également positivement au fonctionnement de cette petite entreprise.

Rencontrez-vous ou avez-vous rencontré des difficultés culturelles ? si oui, lesquelles ?
J’ai mis mon sens de l’humour « en veille » !
L’humour n’est pas toujours apprécié sur le lieu de travail : c’est dur pour une française !
J’ai également ressenti que je devais utiliser davantage de rondeurs dans mes courriels induisant des mises en place de nouvelles procédures destinées aux collaborateurs.

A travers votre prisme et expérience, quelles sont selon vous les qualités professionnelles pour travailler aux USA ?
Il faut s’assurer que votre niveau d’anglais est suffisant pour être à l’aise dans le milieu professionnel. On n’en parle pas assez, c’est un critère indispensable pour s’intégrer professionnellement.
Il est également indispensable d’être ouvert pour être réceptif à l’autre culture, d’en accepter ses codes et de fonctionner avec.

Quels conseils donneriez-vous à un francophone souhaitant travailler/ se vendre aux US ?
Avant de partir aux USA ou en arrivant sur le « nouveau territoire », une formation à « l’interculturel » vous fera avancer plus vite. On croit bien souvent fonctionner comme nos confrères américains ; or nous avons des codes et des manières de fonctionner différentes !
Prenez du temps à écrire votre CV/resume selon les usages du pays (évitez de mettre votre âge, votre adresse précise, et votre statut marital par exemple ;-))

Professionnellement, qu’est-ce que vous supportez le moins dans votre environnement professionnel ?
Le « trop politiquement correct » ou le « non-dit » : c’est gênant à la fin de ne pas pouvoir se dire les choses honnêtement ! On y gagnerait en productivité et efficacité. Je ne suis pas certaine que ce que je viens de vous dire tient à la culture du pays ou à la culture d’entreprise.

FUN FACTS de l’interview :
Où déjeunez-vous ?
Dans la majorité des cas, dans la cuisine de l’entreprise.

A l’ère du bien-être et de la joie au travail 😉 et des postes de CHO (Chief Happiness Officer), y a-t-il quelque chose que vous pratiquez en entreprise ?
On célèbre les anniversaires des membres de l’équipe administrative autour d’un déjeuner. Et une fois par an, est organisée une fête de fin d’année.

Propos recueillis par E-difice coach – Novembre 2018